LE RÉSEAU F9TM et FAV22

Un peu d’histoire

C’est un des plus anciens services du REF, les cours de lecture au son ayant débuté en 1934, le réseau F9TM en 1948.

Au début du vingtième siècle, de nombreux radioamateurs étaient d’anciens radios du 8ème Génie, précurseur du 8ème Régiment de Transmissions (55 000 hommes en 1918). Ils avaient conservé d’excellentes relations avec leurs officiers dont le Général Gustave Ferrié (1858 – 1932), nommé membre d’honneur du REF en avril 1927. La démonstration par Léon Deloy 8AB, en novembre 1923, des possibilités offertes par les ondes courtes ainsi que l’entraînement permanent des membres du REF à la radiotélégraphie suscitèrent l’intérêt des transmissions militaires. Ces compétences permettaient de les incorporer directement dans les transmissions de l’Armée, de réduire considérablement le temps de formation. C’est ainsi que le REF fut classé, en décembre 1927, Société Agréée Guerre (SAG N° 12 744) et que les militaires établirent, à l’intention des radioamateurs français, des services d’entraînement à la radiotélégraphie. À l’origine et pendant de nombreuses années, F9TM et FAV22 furent opérés depuis le Mont-Valérien, état-major du 8ème Régiment de Transmissions.

C’est en 1884 que la première école de télégraphie militaire fut créée dans la forteresse du Mont-Valérien. Le futur général Ferrié y est instructeur puis en devient directeur en 1897. En 1900, l’école est transformée en bataillon de sapeurs-télégraphistes. En 1901 elle devient le 24ème bataillon de Génie puis, à la suite de regroupement d’unités de télégraphie militaire au sein d’un même régiment, le 1er janvier 1913 elle prend le nom de 8ème régiment de Génie qui deviendra, après la seconde guerre mondiale, 8ème régiment de Transmissions. Sa devise n’a pas changé : « tu es l’ancien, sois le meilleur ».

C’est donc en 1934 que débutèrent les cours de lecture au son sur l’air, délivrés de nos jours par l’indicatif FAV22. Ils furent d’abord diffusés sur 4 436 kHz depuis la tour Eiffel avec l’indicatif FLE, puis en alternance avec Pontoise FYD et Issy-les-Moulineaux FLJ. La revue Radio-REF les mentionne dès 1935. La guerre viendra interrompre ces transmissions qui ne reprendront qu’en 1947, d’abord brièvement depuis Paris sur 6 380 kHz et Lyon 6 285 kHz, puis tout comme aujourd’hui depuis le centre émetteur de Vernon (27) du 8ème Régiment de Transmissions, lui-même contrôlé depuis le centre de réception situé dans la forteresse du Mont-Valérien à Suresnes (92), État-Major du 8ème RT, ce jusqu’en mai 1982. À partir de cette date, la réception et le contrôle des émetteurs de Vernon seront effectués depuis le fort de Bicêtre (94). Les conditions de réception à partir de sites proches de l’agglomération parisienne devenant difficiles, le centre de réception et de télécommande des émetteurs de Vernon par faisceau hertzien se déplacera, en juillet 2005, vers un site à l‘écologie radioélectrique idéale, dans la plaine de Beauce, parfaitement dégagé de tout obstacle, loin de toute agglomération, à une dizaine de kilomètres de Châteauneuf-en-Thymerais (28). Il s’agit du CNMO-TSR/CCF de Favières (Centre National de Mise en Œuvre des Télécommunications Spatiales et Radioélectriques/Centre de Contrôle des Fréquences) qui dépend de la DIRISI de Rennes (Direction Interarmées des Réseaux d’Infrastructure et des Systèmes d’Information de la Défense), service interarmées dépendant. du chef d’état-major des armées.

Avant 1948, les radioamateurs pouvaient contacter FLE, FYD, FLJ, puis FAV en fin de diffusion des cours. Le règlement de ces réseaux a été publié dans la revue Radio-REF de juillet 1939 (page 420) mais ce n’est qu’en 1948 que fut créé un réseau spécifique qui prit l’indicatif F9TM (pour Transmissions Militaires). À partir de 1949 fut proposé un service d’émission d’ondes étalonnées aux extrémités des bandes radioamateurs 20, 40 et 80 m. Il faut se rappeler qu’à cette époque la plupart des radioamateurs construisaient émetteurs et récepteurs et que les moyens de calibration des oscillateurs variables étaient alors imprécis. Ces émissions avaient lieu le dimanche entre 10 et 11 H sur 3 500, 3 800, 7 000, 7 100, 14 000 et 14 350 kHz. Devenues inutiles avec les technologies modernes, elles cessèrent en 1988.

Cours de lecture au son de FAV22

Mis en œuvre par la DIRISI (Direction Interarmées des Réseaux d’Infrastructure et des systèmes Informatiques ces cours sont contrôlés par le CNMOTSR/CCF (Centre National de Mise en œuvre Télécommunications Spatiales et Radio/Centre de Contrôle des Fréquences).

Les émissions ont lieu deux fois par jour en semaine, de 10H30 à 11H00 et de 13H30 à 14H00, puis le samedi et le dimanche de 09H00 à 09H30 et de 10H20 à 10H55. Chaque plage horaire comporte quatre exercices qui alternent groupes de codes de cinq caractères et langage clair. En semaine, la transmission de l’après-midi est la répétition des quatre exercices du matin.

Les vitesses de transmissions sont variables en fonction du jour de la semaine:

  • Lundi 420 groupes/h
  • Mardi 600 groupes/h
  • Mercredi 720 groupes/h
  • Jeudi 840 groupes/h
  • Vendredi 960 groupes/h
  • Samedi et Dimanche 420 groupes/h : 9h – 9h30
  • Samedi et Dimanche 600 groupes/h : 10h20 – 10h40
  • Samedi et Dimanche 1 200 groupes/h : 10h40 – 10h55

Le cycle complet comporte 162 leçons, différentes chaque jour. La diffusion est assurée même en juillet et en août ainsi que tous les jours fériés. Les corrigés sont disponibles ici ou sur demande à F5YG (f9tm-fav22@r-e-f.org).

Les responsables ont été les suivants :

  • 1937 – 1957 = F8KQ (jusqu’à son décès) arrêt de 1939 à 1948,
  • 1957 – 1959 = F8CS,
  • 1960 – 1967 = F8LV,
  • 1968 – 1978 = F8TM,
  • 1978 – 1987 = F6BJP (et F8DZ représentant ces services au CA),
  • 1987 – 2017 = F6BSP (jusqu’à son décès le 5 avril 2017)
  • Depuis 2017 = F5YG
Le réseau F9TM

Sous la responsabilité de la DIRISI ( Direction Interarmées des Réseaux d’Infrastructure et des Systèmes d’Information de la Défense), le réseau est un exercice de discipline et d’entraînement au trafic en télégraphie dans un système à stations multiples et à poste central contrôlé par le CNMO-TSR/CCF ( Centre National de Mise en Œuvre des Télécommunications Spatiales et Radioélectriques/Centre de Contrôle des Fréquences).

La réception est effectuée à Favières dans le département d’Eure-et-Loir et l’émission, télécommandée depuis Favières par faisceau hertzien, à Vernon dans le département de l’Eure. Il n’y a donc pas de commutation émission-réception, les opérateurs écoutent la fréquence de trafic même pendant leur transmission, ne se servent pas de ce que les radioamateurs nomment « side-tone », pratiquent l’écoute inter-signes. Ceci permet le rappel à l’ordre de l’imprudent à qui aurait échappé un coup de porteuse ou qui se serait manifesté par tout autre signal indésirable en cours de l’émission de F9TM.

Les réseaux ont lieu chaque jeudi sur 3536 kHz à partir de 19H30 (heure légale française) et durent environ quarante minutes. Ils sont précédés, pendant une vingtaine de minutes, par l’émission d’une bande d’occupation de fréquence délivrant diverses informations concernant l’exercice qui va avoir lieu, notamment le prénom de l’opérateur, la liste d’appel, parfois un message de service. Les stations sont appelées à tour de rôle par F9TM dans l’ordre de la liste d’appel. Celles-ci répondent en faisant suivre leur indicatif du numéro de leur département, le trafic consistant uniquement en un échange de contrôle RST, toute autre information étant strictement interdite. F9TM répond en donnant en plus du report la fréquence précise du correspondant.

Toute station, non inscrite sur la liste d’appel transmise avant le début de l’exercice dans la bande d’occupation de fréquence, désirant se joindre au réseau, doit attendre le CQF final pour appeler F9TM. Une station prévoyant son absence à un exercice pourra se faire remplacer au maximum une fois dans le mois par une autre station de la liste d’appel. La station remplaçante fait alors suivre l’indicatif de la station remplacée de son indicatif et de son propre numéro de département.

Une station remplaçante ne peut le faire que pour une seule station par exercice mais il n’y a pas de limite du nombre d’exercices, son aide n’est pas limitée dans le mois pour le remplacement d’autres stations. Le responsable REF ne peut être sur les listes d’appel mais, par dérogation, peut lui aussi remplacer une station absente qui lui en aurait fait la demande dans les limites énoncées précédemment (son suppléant peut, lui, figurer sur les listes d’appel). Il assure la coordination des réseaux avec le CNMO-TSR de Favières avec lequel il est en contact permanent pendant la durée de l’exercice. Ce dernier peut interroger le responsable REF en cas de difficulté de propagation afin de savoir si une station qu’il n’entend pas est signalée présente sur le réseau, entendue par lui ou son suppléant. Il est peu probable en effet que, même dans les pires conditions, au moins l’une des trois stations n’entendent pas un participant. F9TM est situé dans le département 28, F5YG dans le 60, F6HFI dans le 23. Les stations de la liste qui n’ont pas été entendues lors du premier tour sont rappelées en fin de réseau. Attention : si vous n’êtes pas rappelé au deuxième tour, c’est que votre présence a été signalée par l’une des deux stations déportées et que vous êtes enregistré. En fin de réseau, après rediffusion de l’éventuel message de service, un appel général aux stations françaises qui souhaiteraient s’y joindre est transmis sous la forme d’un CQF. Les réseaux F9TM sont suspendus en juillet et en août ainsi que pendant deux semaines en fin d’année. Les dates sont publiées dans la revue Radio-REF, dans les bulletins de F8REF et de F8UFT ainsi que par des messages de service sur les réseaux.

Le réglement est ici

Les stations accumulent des point aux cours des exercices. Cela n’a pas un grand intérêt direz-vous car on ne fait pas de la radio pour accumuler des points qui, de toute façon, ne rapportent rien mais, les participants étant extrêmement assidus, fidèles au réseau, c’est un dispositif qui permet d’éviter de figer l’ordre des appels, un brassage de celui-ci au cours du temps comme nous allons le voir. Le décompte des points d’un exercice est fait dans l’ordre inverse de la liste d’appel, la dernière station participante bénéficie d’un point, la première, en tête de liste d’appel, reçoit un nombre de points égal au nombre de participants. Ces points s’ajoutent à ceux déjà acquis lors des exercices précédents. Une station absente à un ou plusieurs exercices conserve les points acquis pendant une durée maximum de trois mois. Lors de son retour au réseau, elle repartira certes en fin de liste d’appel mais conservera ses points acquis. Il y a également un barème de points négatifs pour manquement à la discipline, retard, message inutilement long, transmissions de signaux superflus, oubli du département, etc, mais ne parlons pas des choses qui fâchent. En fin de mois, les cinq stations arrivées en tête, non pas de la liste d’appel mais EN NOMBRE DE POINTS ACQUIS, repartent à zéro points et sont placées en fin de la liste du premier exercice du mois suivant (en ordre inverse : la station classée en tête est placée en fin de liste, la deuxième avant-dernière, etc). Mon prédécesseur, ce cher et regretté Michel F6BSP, en sait quelque-chose, et je ne me sens pas la légitimité de la modifier. Cette règle des points acquis, qui date de l’aube des temps du réseau, soulève parfois des questions de la part de participants peu au fait du règlement, ayant suspendu un moment leur contribution, ne serait-ce que le temps d’un exercice. Retournant au réseau, ils finissent un jour parmi les cinq premiers en nombre de points et se retrouvent parfois en fin de liste d’appel avant d’y avoir atteint le rang tant convoité des cinq premiers. Ces classements sont publiés dans la revue Radio-REF, avec un peu de retard dû au contraintes d’éditions, et dans le bulletin de F8REF suivant immédiatement le dernier exercice du mois.

Il est bien évident qu’aucun des nôtres ne se préoccupe de compte de points et de classement. Nous répondons présent pour continuer à faire vivre la tradition, pour une certaine idée que nous nous faisons de la radiotélégraphie et que nous partageons avec tous les opérateurs de Favières. Qu’ils soient ici remerciés ainsi que le Chef de Centre, les cadres et tout le personnel civil et militaire du CNMO-TSR, pour l’excellent service qu’ils offrent.à la communauté des radioamateurs.
Rejoignez-nous chaque jeudi soir sur 3536 kHz !

F5YG Jean-Pierre GODET (f9tm-fav22@r-e-f.org) 6 Grande Rue – 60390 Le Vauroux   (suppléant : F6HFI)